L’Association des Psychiatres Infanto-Juvéniles de secteur sanitaire et médico-social (API) est née d’une démarche identitaire. En 1982 et 1983, le paysage de la psychiatrie publique fit l’objet d’un vaste projet de réforme intra- et extra-hospitalière qui envisageait, entre autres, la suppression des entités sectorielles infantiles (à l’époque dénommées inter-secteurs de psychiatrie infantile) et leur intégration à un plus vaste ensemble couvrant la totalité des besoins de la population concernée.
Les pédopsychiatres du service public se sentirent d’autant plus mis en question par ce projet qu’ils venaient de vivre une décennie de grand développement, avec de nombreuses réalisations institutionnelles et la mise en place d’équipes pluri-professionnelles conséquentes. C’était la définition même de nos références théoriques et de notre champ de pratique qui nous semblait mise en cause. C’est dans ce contexte polémique (dont la défense catégorielle n’était pas exclue) qu’une trentaine d’entre nous se réunirent début 1984 à l’initiative du docteur Paul Wiener.
La création de l’API fut alors décidée, et le docteur Jacques Constant en fut le président fondateur. Notre but et nos perspectives d’action étaient très clairement de nous donner les moyens d’affirmer notre identité professionnelle. Ce fut d’ailleurs là le thème de nos premières journées annuelles, à Paris, en 1985. Nous n’étions ni une nouvelle société scientifique, ni un syndicat supplémentaire, mais un groupement de praticiens qui partageaient les mêmes pratiques et mettaient en commun leurs expériences. Le logo qui fut le nôtre pendant plus de dix ans illustrait cette notion de reflet pratique.
Notre définition était double : être des psychiatres d’enfants dans le corps des psychiatres des hôpitaux, être des psychiatres de service public dans le champ de la psychiatre infantile. C’est en référence à cette place que nous avons consacré nos troisièmes journées annuelles, en 1987 à Saint-Alban, à la rédaction du Cahier des charges des psychiatres du service public de santé mentale pour enfants et adolescents. Dans ce document, nous déclinons ce qu’étaient nos droits et obligations, eu égard aux missions qui nous sont fixées par les autorités de tutelle, et dans le respect de notre éthique. La plupart de nos réflexions de l’époque nous paraissent encore d’actualité.